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Rider Stories

Rider Stories: Frédérique - Perspectives on a city

Malgré quelques frustrations liées au climat local, Frédérique Albert-Bordenave a adopté la vie citadine depuis son arrivée à Amsterdam en parcourant ses rues par tous les temps. Ayant grandi à Montréal, elle jongle aujourd'hui entre la vie de directrice artistique et celle d’artiste. Comme matières premières, elle utilise la lumière et les ombres dans des installations spatiales saisissantes. Guidée par sa fascination pour l'environnement urbain, Amsterdam regorge de possibilités créatives. Pour Frédérique, l'inspiration peut venir des lieux les plus improbables.

Lorsque Frédérique est arrivée pour la première fois à Amsterdam en 2014 pour étudier la conception architecturale à l'Académie Gerrit Rietveld, elle n'avait pas vraiment d'attentes déterminées. En règle générale, elle préfère ne pas se projeter trop loin dans l'avenir, ni s'attarder sur ce qu'elle ne peut pas contrôler.

« Lorsque l’on s’intéresse à l'architecture, on regarde ce qui a été construit dans le passé, donc évidemment, l'Europe est toujours une référence. J'ai pensé qu'il serait logique d’étudier le sujet à la source, au lieu de passer par Google et d'être sur place : se promener dans l'espace et le comprendre différemment. Mais ce n'était pas vraiment un plan sur cinq ans, ni même sur un an d'ailleurs", explique-t-elle. "Je savais juste que j'avais besoin d'être ailleurs, et en déménageant, il y a toujours des opportunités qui arrivent"

Alors qu’il y avait d'autres options sur la table, c’est Amsterdam qui a fini par l'emporter. "Ma mère dit toujours que les coïncidences n'existent pas; j'ai beaucoup entendu cela en grandissant et j'aime cette idée. Elle laisse entendre que vous pouvez trouver votre place ou jouer un rôle dans la création de quelque chose".

Depuis qu'elle a fait ses adieux à sa ville natale de Montréal, aussi spontanée qu'ait été sa décision, Frédérique s'est attachée à façonner cet espace : sous la forme d'une pratique artistique visuellement captivante et d'un travail de directrice artistique au Random Studio, une célèbre plateforme de design connue pour ses projets immersifs et basés sur l’expérience, en collaboration avec des marques mondiales, dont beaucoup sont des acteurs majeurs dans le monde de la haute couture, de Bottega Veneta à Chanel.

L'affinité de Frédérique avec l'architecture et le design et sa sensibilité au rapport que nous entretenons avec des espaces de toutes sortes sont à la base de nombre de ses projets créatifs. Dans le cadre de ses expositions, Frédérique réalise des installations spatiales éthérées qui répondent à la nature de leur environnement immédiat. Ses outils sont souvent simples mais les résultats sont toujours efficaces. Utilisant l'obscurité comme une toile vierge, elle projette de la lumière sur des objets et des formes structurelles pour créer des espaces temporaires à travers un jeu d'ombres spectaculaire qui explore les frontières entre les mondes en deux et en trois dimensions.

"Je savais juste que j'avais besoin d'être ailleurs, et en déménageant, il y a toujours des opportunités qui arrivent"

"Dans mon travail, j'ai tendance à interroger la façon dont une chose peut être plusieurs choses à la fois. En général, je pense que les espaces devraient nous encourager à utiliser tous nos sens. Le diable est dans les détails.Pour moi, il s'agit plutôt d’associations ou des souvenirs et des émotions que ces espaces renferment. J'essaie simplement de saisir cela : créer un espace qui semble peut-être moins tangible mais avec des capacités et des propriétés vraiment fortes et ouvrir une porte vers cet espace".

Bien que son travail soit conceptuel, Frédérique trouve souvent son inspiration par hasard, et dans des lieux relativement ordinaires - qu'il s'agisse d'un arbre, d'un banc discret, d'une ombre intense projetée par un balcon de ville, des proportions changeantes d'un chantier urbain, ou simplement dans la chorégraphie quotidienne de la lumière du soleil qui filtre à travers les fenêtres de sa maison. Dans l'univers de Frédérique, les idées naissent de “l'observation de nouveaux éléments ou de nouvelles observations dans un même contexte" ou du fait de voir le même inconnu en différents points d’une rue. Des éléments nouveaux ont tendance à ressortir ou à apparaître à des occasions différentes".

Habitant aujourd’hui De Pijp (un quartier central et animé rempli de bars et de boutiques originales) Frédérique, comme la plupart des habitants d'Amsterdam, a vécu dans tous les quartiers depuis qu’elle est arrivée. À chaque déménagement, elle a trouvé la joie de découvrir une nouvelle perspective sur la vie en ville. Étant donné son goût pour le détail et son talent pour observer ce que les autres pourraient ignorer, il n'est pas surprenant que le vélo offre à Frédérique un autre moyen d'absorber l'énergie palpitante d'Amsterdam : "C'est vraiment une sensation formidable de glisse, lorsqu'on suit le rythme et la dynamique de la ville en y prenant part et en y bougeant. D'une certaine manière, le vélo me donne cette sensation d'être connectée ou entrelacée avec la ville".

"C'est vraiment une sensation formidable de glisse, lorsqu'on suit le rythme et la dynamique de la ville en y prenant part et en y bougeant. D'une certaine manière, le vélo me donne cette sensation d'être connectée ou entrelacée avec la ville".

La bouffée d'air frais que procure une balade à vélo a été particulièrement libératrice au cours de la pandémie : une période pendant laquelle Frédérique a vu les gens devenir "particulièrement sensibles aux pièces fermées et à leurs quatre murs". C'est aussi un moyen efficace de surmonter un blocage créatif, ou simplement de se vider la tête : "Si je commence un trajet le cerveau encombré de pensées, mon esprit ralentit généralement vers le néant et en ce sens cela peut être assez apaisant !"

Malgré son attachement à la ville d’Amsterdam avec sa taille raisonnable, son réseau de voies navigables et les traces de l'Histoire que l'on retrouve à travers son style architectural, Frédérique regrette certains aspects de la vie chez elle. “Je suis beaucoup plus habituée à interagir avec les gens à Montréal, peut-être parce que c'est une plus grande ville. Sur le trottoir, dans la rue,... ces interactions me donnent beaucoup d'énergie".

Au niveau local, certaines choses gagneraient aussi à être améliorées. Comme le veut la tradition néerlandaise, Frédérique s'est mise à déplorer le climat peu favorable d'Amsterdam, plus précisément "le manque de soleil". Elle observe néanmoins les mérites de son nouveau mode de vie en plein air. "Même si le climat ici me semble parfois être réduit à une seule et même saison, à savoir la grisaille, j'apprécie de pouvoir le ressentir à travers le vélo : vous avez un peu plus de connexion avec votre espace… vous ressentez vraiment le monde extérieur d'une façon différente".

À quoi pourrait ressembler Amsterdam à l'avenir ? Comment la ville va-t-elle évoluer ? Et Frédérique sera-t-elle témoin de cette évolution ? Comme avant, elle n'aime pas se projeter trop loin en préférant laisser certaines choses au hasard et ne donner à d'autres qu'un coup de pouce. Jusqu'à présent, la ville s’est bien occupée d'elle. "Je pense qu'Amsterdam est un bon endroit pour comprendre des choses sur soi-même et pour réfléchir à sa relation avec la ville. C'est plus facile d'y trouver sa place et son rythme est plus propice à la réflexion. On ne se perd pas au milieu des gratte-ciels".

In the series Rider Stories, we explore perspectives on living and working in cities and beyond through the eyes of our riders.

Words by George H. King

GEORGE H. KING is an Amsterdam-based writer and editor with a focus on art, culture and society. A previous Editor-in-Chief of Unseen Magazine, his writing has appeared in the likes of Yet Magazine, Foam Magazine and The British Journal of Photography.